Et voici le fameux chapitre 12 ! Non, pas celui de Carlson & Peeters, qui, lui, est vraiment fameux.
Non, celui-ci marque la fin de Xenophobia. J'ai eu énormément de plaisir à écrire cette fiction, malgré quelques difficultés parfois. Manque d'inspiration, parfois même d'envie (on a ses moments hein ! xD). J'ai adoré pouvoir m'éclater avec les personnages de BGE, en développer certains - Meï, Hub, Yoa - en inventer d'autres (Davon, Dean, Maura, Gips, Fabian, etc.)... Merci BGE d'être aussi génial ! *_*
Bonne lecture
Chapitre 12 : Hyllian Suite
Le soulagement fit bientôt place, encore et toujours, à l’anxiété. Car, aussi courageux qu’ils avaient pu l’être, les deux agents IRIS ne pouvaient rien contre le temps. Le temps et ses dommages. Et les blessures que le venin DomZ avait infligées à Pey’j. Et aucun, ni Jade, ni Hub, ne pouvait connaître l’état de santé de « Marcassin ». Ce qui les rassurait un peu, c’était qu’ils n’avaient pas reçu de mail du réseau IRIS. Mais cela ne signifiait rien. Dans le pire des cas, Meï aurait sans doute préféré l’annoncer en tête à tête avec Jade plutôt que de le faire par mail. C’était une question de valeurs.
Hillys se rapprochait de plus en plus. Cette vision avait toujours été bénéfique. Retrouver sa planète, même si cela ne faisait pas longtemps qu’ils l’avaient quittée, faisait beaucoup de bien. Mais c’était tellement absurde de penser ça ! En effet, si, quelques mois plus tôt, on leur avait dit qu’ils allaient quitter la surface familière d’Hillys, ils ne l’auraient pas cru. Surtout pas Jade. Elle ne savait même pas qu’elle était capable de tout ce qu’elle avait accompli pour IRIS. Depuis son enfance, Jade était quelqu’un de déterminé, de justicier. Elle avait également toujours adoré les arts martiaux et la photographie. Mais espionner, braver les dangers, combattre des monstres, des soldats, des machines, et sauver une planète entière, elle ne s’en serait jamais crue capable. Il y avait de quoi être fier, mais elle gardait sa modestie. Et elle n’avait pas été seule, c’était d’ailleurs ce qui l’avait sauvée. Dans cette nouvelle aventure, son amitié avec Double H avait compté plus que jamais. Sans lui, elle n’en serait pas là . Peut-être qu’elle n’aurait jamais déjoué les plans des requins de l’îlot noir.
Le Béluga se rapprochait de la surface de l’eau. Hub avertit la demoiselle qu’il allait libérer l’hovercraft pour rejoindre le centre-ville, et s’exécuta. Le véhicule atterrit lourdement dans l’eau, et aussitôt, Jade reprit les commandes. Maintenant que son état d’esprit avait changé, elle était à nouveau prête à retrouver sa vigueur de toujours. Elle espérait juste qu’aucune mauvaise nouvelle ne les attendait à l’Akuda Bar.
Le centre-ville était agité. La circulation était difficile et le stress reprenait sa place dans le cœur des agents du réseau IRIS. Le verdict allait bientôt tomber. Fendant la foule, Jade dirigea son véhicule vers le quartier piéton et en sortit, suivie de près par son ami. Ils coururent à l’Akuda Bar, montèrent à l’étage et prirent le passage secret de la chambre numéro trois.
Tout avait commencé à leur retour de Sélène. Leur premier, bien entendu. Car il en faisait partie. Il, c’était Pey’j. Il avait frôlé la mort, et grâce à sa nièce chérie, il s’en était sorti. Mais une fois sur Hillys, une fois revenu dans leur cocon familial au sein du Phare, il avait remarqué, sur sa main, cette excroissance étrange. Un virus DomZ. C’était mauvais, très mauvais. Mais si Jade le savait, il la reverrait inquiète, préoccupée, et il ne pouvait pas lui faire ça. Il avait été l’une des causes de ses malheurs pendant plusieurs semaines, après avoir été enlevé par les Sections Alpha, et ne voulait pas répéter l’histoire. Donc, il avait su faire avec. Le virus était un véritable parasite. Non seulement il tuait à petit feu, mais en plus il rendait vil, mesquin, antipathique. Pey’j en souffrit beaucoup. Lui qui avait, à la base, un caractère sanguin, grognon, il n’en était devenu que plus désagréable. Son cerveau était comme contrôlé par le parasite. Et un nouveau sentiment avait pris place dans son cœur. De la jalousie. C’était honteux, mais il ne pouvait le réprimer. Il n’arrivait pas à admettre que Jade n’était plus la petite nièce haute comme trois pommes, celle qu’il connaissait depuis toujours. A présent, Jade était une magnifique jeune femme, le dépassant de plusieurs têtes, et qui était bien plus que prête à se lancer dans sa propre vie. Elle n’était plus dépendante de lui. Et surtout, elle s’apprêtait à vivre tant de choses… Peut-être se marier, avoir elle-même un enfant.
Ce grand imbécile de Double H. Illustre sergent, excellent espion, mais ça, c’était ce que Pey’j pensait de lui avant sa rencontre avec Jade. Ou plutôt, avant que ses pensées ne soient à moitié contrôlées par le virus DomZ. Un sentiment âcre de jalousie avait germé en lui. Plus il voyait sa nièce s’entendre de mieux en mieux avec l’agent IRIS, plus il le détestait. Il n’arrivait pas à se résoudre au fait qu’il y avait d’autres personnes que lui, Pey’j, son oncle, celui qui l’avait élevée, qu’elle pouvait aimer. C’était détestable. Il se rendait détestable, autant pour lui que pour les autres.
Quand l’histoire des requins terroristes avait commencé et que Jade avait de nouveau eu à faire, Pey’j s’était retrouvé seul avec les enfants. Il n’avait jamais su se montrer aussi paternel avec eux qu’avec sa nièce. Souffrant du virus, c’était encore pire. Il avait tout essayé : se calmer, s’isoler, mais rien n’y faisait. Il leur menait quand même la vie dure, alors qu’ils venaient de perdre leur grand frère de cœur.
Et puis le venin s’était propagé complètement. Et il s’était évanoui. Plus aucun souvenir, plus rien.
La suite, nous la connaissons. Et nous y revoilà . Dans la chambre numéro trois, l’armoire venait de pivoter, laissant Jade et Double H accéder au repaire IRIS. Ils trouvèrent Hahn, Meï, Nino, et Belles-Mirettes, tous très tendus, le visage grave. Rien ne laissait comprendre quelle était la situation. Était-il encore possible de sauver Pey’j ? Ou était-ce trop tard et personne ne souhaitait se l’avouer ?
- On a l’ADN, Meï, dit Double H gravement.
- Très bien. On va pouvoir fabriquer l’antidote. Je vais faire au plus vite, Jade.
- Il… va bien ? demanda Jade, la voix tremblante.
- Honnêtement, non. Dans son état, on ne peut pas être bien. Mais on se dépêche, on peut encore le sauver… Pourquoi il n’est pas venu vers nous plus tôt ?! Il a bien dû le remarquer !
Meï était sous tension. Ses gestes étaient désorganisés, fébriles. La gorge serrée, ses collègues et amis la regardaient faire. Jade tremblait de tous ses membres. Elle grelottait. Le monde semblait s’être arrêté de tourner, le temps était suspendu. Elle n’avait aucune idée de la durée de leur expédition sur Sélène. Peut-être quelques minutes, ou peut-être plusieurs heures. Chaque seconde avait compté. Ca se jouait peut-être à si peu… Les larmes qui avaient coulé un peu plus tôt avaient séché, mais les yeux de la jeune femme étaient encore cerclés de rouge. Elle avait l’impression que quelque chose brûlait en elle, mais se sentait frigorifiée.
Elle sentit Hahn s’approcher d’elle. Sans le regarder, elle murmura :
- Il reste énormément de DomZ sur la Lune. Par ma faute. Je les ai fait revenir, Hahn.
- Ne t’inquiète pas, Shauni. Nous allons en informer le gouvernement.
- Ne m’appelle pas comme ça !
Sa voix s’était élevée plus haut qu’elle n’avait pu le contrôler. Seule Meï était restée concentrée, les yeux rivés sur son matériel de soin. Jade leva les yeux vers Hahn, lui lança un regard plein d’excuses.
- Désolée. Vraiment. Hahn… Mais ce surnom… Je ne peux plus le porter. Sur Sélène, j’ai entendu la voix du Prêtre DomZ. Il m’a dit… il m’a dit qu’il m’attendait. Et que je viendrai à lui, de mon propre gré. Quand je serai prête. Et il m’appelle comme ça. Ca fait des années, je crois, que j’entends sa voix… dans mon subconscient, sans doute. Alors ne me laissez pas créer ce lien avec lui. Il faut que je change de nom de code, Hahn.
L’homme fit un signe de tête entendu. Mais pour le moment, le changement de nom de code de Jade n’était pas une priorité. La vraie priorité se trouvait sous leurs yeux, et Meï était justement en train de parvenir à ses fins.
- J’ai fini l’antidote ! Il ne reste plus qu’à lui administrer, et faire un diagnostic pour savoir si…
Ses oreilles de chat se baissèrent, laissant comprendre à ses amis quel était son état d’âme. Ses mains délicates prirent celle, robuste, de Pey’j, et la jeune féline saisit la seringue pleine d’antidote. Elle inspira un coup, et piqua le virus DomZ en plein cœur. Doucement, elle fit couler le remède. Il fallait que ça marche. C’était primordial.
Le diagnostic se fit directement après. Les talents d’infirmière de la rédactrice de IRIS étaient incroyables, mais l’attente parut une éternité. Lorsque Meï se tourna vers les autres, tous retinrent leur souffle. Jade sentit comme un lourd poids qui s’affaissait sur elle. Tout se jouait maintenant.
- Il est sauvé. Mais il lui faut beaucoup de repos. Pas un repos à la Hub, ajouta la féline, un regard amusé en direction de son grand ami. Dans deux ou trois semaines, il sera sur pieds.
- Merci infiniment MeĂŻ, dit Jade, les larmes aux yeux, en prenant son amie dans ses bras.
Tout sembla redevenir normal. Belles-Mirettes retourna à son poste, lâchant une réplique cinglante, comme à son habitude, malgré la situation plutôt dramatique. Hahn ne reparla pas à Jade de son changement de nom, il voulait la laisser tranquille avec ces histoires. Elle avait beaucoup souffert ces trois derniers jours. Meï rassembla ses affaires, heureuse d’avoir pu sauver l’oncle de Jade, également chef du réseau. Nino s’apprêta à rentrer chez lui. Quant à Hub, il ne savait que faire. Il était épuisé. Plus tôt dans la journée, il avait reçu un projectile dans la nuque, blessure qui le ferait souffrir pendant plusieurs jours encore. Il avait l’impression que tous ses muscles lui faisaient mal, mais jamais il ne le ferait savoir. Il était, déjà , bien trop fier pour ça. Mais malgré tout, il ne voulait pas rentrer chez lui. Toute la journée, depuis tôt le matin, il s’était battu, il était épuisé, mais retrouver son petit loft tranquille lui ferait comme un choc. Un retour brutal au train-train quotidien. C’était gonflé de penser ça, se disait-il, mais il n’y pouvait rien. C’était son ressenti.
- M’oiselle Jade, j’imagine que vous voulez rentrer chez vous…
- Je ne sais pas… Hub. Les enfants m’attendent. Ils ne savent même pas ce qui est arrivé à Pey’j. Je vais envoyer un mail à Yoa. Oui, c’est ce qu’il faut. On descend boire un verre, après, d’accord ? ajouta-t-elle avec un sourire.
Une fois les enfants prévenus, Jade et Double H se rendirent au bar, où Mo servait les premiers fêtards. Il faisait nuit dehors. Un bon petit verre, c’était parfait pour eux. Ca les détendrait, et leur offrirait un début de repos bien mérité après les aventures qu’ils avaient menées.
Les deux amis passèrent une bonne soirée, raisonnable. Ils regagnèrent assez tôt leurs maisons respectives et retrouvèrent leurs habitudes des jours calmes.
Trois semaines plus tard, le Phare avait retrouvé sa bonne ambiance d’antan. Ce jour-là était un grand jour. Le retour de Pey’j au refuge. Tous les enfants étaient heureux, même les plus grincheux. Jade rayonnait. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était plus sentie aussi bien. Régulièrement, Hahn lui avait donné des nouvelles de son oncle, et parfois, elle était passée le voir, mais enfin il allait revenir vivre auprès d’elle. Pour l’occasion elle avait invité tous ses proches. Double H, qui avait, miraculeusement, laissé tomber son armure pour un t-shirt et un jeans, avait aidé à organiser. Les invités étaient Hahn, Nino, Meï et Belles-Mirettes, bien sûr. Les anciens pensionnaires du Phare, comme Oumi, Fehn, Zaza, et Kip. Rob, Nouri et Chico avaient eux aussi été conviés. De plus, les personnes que Pablo avaient rencontrées à l’îlot noir, à savoir Maura, Dean, Davon et Fabian seraient aussi de la partie. Secundo avait pris sa forme d’humain grandeur nature, Waf reniflait chaque parcelle de nourriture qui traînait, Yoa était aux petits soins. Le petit Gips était surexcité, quant à Pablo, il restait calme, extrêmement calme. Cette mésaventure l’avait fait mûrir, lui qui était déjà le plus âgé des enfants du Phare.
Tous les invités, sauf Hahn et Pey’j, étaient là . Ils attendaient l’arrivée des deux derniers avec impatience. Jade, même si la fête était censée faire plaisir et oublier les mauvais souvenirs, avait pris une décision. Elle irait parler à Pey’j du virus DomZ. Elle avait une idée, très désagréable, à son propos. Et, pour son plus grand malheur, elle croyait le Prêtre DomZ à propos de ses origines cachées. En tout cas, elle sentait que Pey’j ne lui avait pas tout dit.
On vit la silhouette familière de Pey’j et de Hahn se dessiner à l’horizon. Les enfants se jetèrent sur leur « tonton » en riant. Eux, ne l’avaient plus vu depuis son évanouissement. Le porc les accueillit chaleureusement. Hahn, lui, rejoignit ses amis du réseau IRIS.
L’après-midi fut merveilleuse. Chacun passa un bon moment, dans une ambiance conviviale. Loin, très loin, des heures sombres qui avaient frappé Hillys il y a peu. C’était très agréable. Fabian s’était lié d’amitié avec les autres enfants du Phare, et Yoa s’était beaucoup rapprochée de Davon. Les deux adolescents étaient adorables, ensemble. Secundo avait dragué comme il pouvait Maura, mais, n’étant qu’un hologramme, c’était vain.
Jade attendit un long moment avant de demander à parler à son oncle. Elle voulait que tout le monde, ainsi qu’elle-même, profite des festivités. Les deux s’isolèrent et Jade eut de la peine en voyant le regard inquiet de son oncle de cœur.
- Pey’j… Je voulais simplement t’interroger au sujet de… de ce qui t’es arrivé.
- Hm, je comprends…
- Voilà , j’ai pensé que ce virus avait été causé par ma faute. Le parasite se trouvait exactement au même endroit que là où j’ai posé mes mains, quand je t’ai… ramené à la vie.
- Je te l’ai dit, Jade. Tu possèdes une énergie prodigieuse qui sommeille en toi. Et elle m’a sauvé.
- Et t’a condamné aussi, dit la demoiselle d’une voix grinçante. Désolée Pey’j, mais je ne peux m’empêcher de croire ce que le Prêtre DomZ m’a dit. Sur la Lune, il m’a parlé. Je suis liée à lui, Pey’j ! J’ai même l’impression… que j’ai du sang DomZ en moi. Je t’ai transmis ce virus. Tu as de la chance d’être encore en vie.
- Arrête de dire des bêtises, Jade, balbutia Pey’j, l’air gêné.
- Ce n’en sont pas. Je l’ai entendu. Il m’a même… aidée. Il m’a envoyé des espèces de lucioles qui m’ont redonné la force de me battre pour te sauver. Il m’a aussi dit que j’allais le rejoindre, un jour. Que je lui appartenais… Et beaucoup de signes prouvent qu’il ne fait pas que de me mentir. Explique-moi Pey’j. Je sais que tu me caches des choses.
Pey’j était piégé. Il n’avait pas le choix, il fallait lui dire. Ravaler sa jalousie, son côté surprotecteur, et admettre qu’elle était grande, maintenant. Il inspira profondément et posa une main sur l’épaule de sa nièce.
- Tu as raison. Il est temps que tu saches. Mais demain. Comme ça, tu as le temps de t’y préparer, et tu peux profiter de la fête. Ne t’inquiète pas, Jade. Ce n’est rien de grave. Tout va bien aller.
Ces paroles ne faisaient que d’inquiéter Jade de plus belle. Mais tant pis. Le lendemain, elle saurait tout. Enfin ! Elle se rendait donc compte que son oncle lui avait bel et bien menti pendant des années, et qu’elle avait dû insister pour lui tirer les vers du nez… Tonton Pey’j n’était peut-être pas aussi parfait qu’elle ne l’avait cru.
Une main se posa sur l’épaule de chacun des deux. D’un même mouvement, ils se retournèrent, et découvrirent le visage étonnamment souriant de Double H.
- Qu’est-ce que vous faites là , isolés ? Venez, Yoa va nous raconter sa dernière histoire !
Ces paroles émurent particulièrement Jade. Elle n’avait tellement pas l’habitude de voir son ami ainsi ! Pour elle, Double H, c’était le soldat, brave, certes, mais d’un sérieux souvent imperturbable. Mais là , le voir sans son armure, souriant, radieux, c’était un véritable cadeau. Elle se leva, tendit la main à son oncle, et se mit à marcher entre les deux, un bras autour de leur taille.
Jade sentait que sa nouvelle vie commençait à ce moment précis. Elle allait connaître ses origines, et était entourée d’amis extraordinaires. Cette nouvelle vie s’annonçait fabuleuse.