Le monde a pu interviewer Michel Ancel lors de son passage à Paris hier, voilà l'article :
http://www.lemonde.fr/pixels/article/20 ... 08996.html
Citation:
C’est un coup de fil d’Yves Guillemot, le président d’Ubisoft, qui l’a fait rester. Lorsqu’en 2013, Michel Ancel vient de terminer le développement de Rayman Origins, le papa du personnage Rayman, employé depuis 1989, a des envies d’ailleurs.
Il vient de cofonder avec des amis Wildsheep, un studio montpelliérain au sein duquel il s’est lancé sur un ambitieux jeu préhistorique, Wild. ... Mais le président d’Ubisoft le prend par les sentiments : il lui propose de développer Beyond Good & Evil 2 (BGE2), la suite d’un jeu d’aventure de 2003 objet d’un petit culte, et qui leur tient très à cœur. Michel Ancel dit « oui ».
« C’est un monde que j’aime, tout simplement. Ce ne fut pas le succès escompté, mais malgré tout cet univers et ses personnages ont touché des gens, il nous a touchés nous. »
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Ce premier projet de suite, constitué de villes et planètes entières à visiter, était trop gourmand techniquement pour la PlayStation 3 et la Xbox 360. Entamé en 2007, il est abandonné en 2009 à l’initiative de Michel Ancel.
Il en va différemment avec la PlayStation 4 et de la Xbox One. Le projet renaît de ses cendres en 2012-2013 et progresse depuis. Lui faudra-t-il encore deux, trois, quatre ans de développement ? Le Monégasque préfère ne pas s’engager.
« Ce qui est certain, c’est que BGE2 est un projet fabuleux. L’espace, les planètes, se déplacer à 15 000 km/h… C’est quelque chose de fou. Tout cela, on peut le faire avec les consoles actuelles, et ça marche. Avec ce genre de projet, on se dit que le jeu vidéo est quelque chose de malade, qui a encore de beaux jours devant lui », s’emballe-t-il.
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Fantastique interstellaire d’un côté, naturalisme magique de l’autre : ce sont dans leurs registres que les deux projets de Michel Ancel diffèrent. « Qu’est-ce qui est spécifique à Wild ? Qu’est-ce qui est spécifique à BGE 2 ? C’est quelque chose qui me turlupine régulièrement », reconnaît-il.
Sur BGE2, c’est le thème de la civilisation qui est au cœur du jeu. « BGE1 traitait de la manipulation de masse et des médias, là on est dans une direction à 180° avec des truchements d’arnaques, de complots, de rôles qui sont plus différents. C’est vraiment l’aspect humain », souligne-t-il. Fort des ressources d’Ubisoft, Michel Ancel prévoit « un côté grouillant », avec « beaucoup de personnages étonnants », un sentiment de « profusion ».
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Depuis Rayman, son leitmotiv n’a pas changé : « Ce qui est important dans un jeu, ce n’est pas l’espace ou le temps, mais le rythme. Si on se déplace très rapidement, mais que le décor est vaste et rythmé, avec des découvertes à y faire, on reste dans un principe ludique, on ne s’ennuie pas. »
Et d’illustrer comment la planète Terre peut devenir une cour de récréation pour un vaisseau spatial, en laissant le joueur s’amuser à passer en rase-mottes entre deux montagnes. Dans BGE 1, l’héroïne oscillait entre infiltration lente, déplacements voire courses en hovercraft, et vers la fin du jeu, décollage en fusée. « Ce sont les variations qui sont intéressantes », rappelle le maestro du jeu vidéo français.
« Bien sûr il y a de la narration »
C’est cette approche qui lui fait aussi balayer du revers de la main les rumeurs sur le scénario de BGE 2. « Aujourd’hui, on en est à la création du monde, et de sa puissance d’évocation. Tout ça c’est vraiment le cœur. Ensuite, on va tirer les marrons du feu et se demander comment les gens vivent dedans et ce que l’on va raconter. »
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Ni Wild ni Beyond Good & Evil 2 n’ont de date de sortie – et bien malin celui qui devinera lequel des deux sortira en premier, entre la simili-superproduction conçue en petits effectifs ou l’arlésienne à l’ambition stratosphérique. « C’est un projet qui est avancé, mais pas au stade où on a de la visibilité sur la fin du tunnel, et où on peut lancer la méga-com’, car ce sont des projets fous, » prévient-il à propos de BGE 2.
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Seul le spectre de Vivendi lui fait envisager le pire. En cas de rachat d’Ubisoft, et de probable départ d’Yves Guillemot, l’homme qui a tant soutenu la série, abandonnerait-il BGE 2 ? Son visage se ferme. « Je ne sais vraiment pas. Ce serait un dilemme. Ce serait terrible de ne pas le finir. »